Le Compendium
      Albert Balasse

Spectromètre Yvon
par Ph. Pellin

Cet appareil qui ressemble à un microscope... n'en est pas un. Il s'agit d'un spectromètre utilisé pour étudier l'absorption de certaines composantes de la lumière blanche lorsque cette dernière traverse une substance liquide. Le phénomène se traduit par l'apparition, sur l'image du spectre lumineux, de zones sombres appelées "bandes d'absorption" qui permettent souvent de déceler la présence de certains corps en solution. Il est possible, par exemple, que le "spectromètre Yvon" présenté, construit par la maison Ph. PELLIN à la fin du 19e siècle, ait été destiné à l'examen du sang afin de déceler, rapidement, la présence de composés anormaux à la suite d'un empoisonnement ou d'une asphyxie...

Spectromètre Yvon construit par Ph. Pellin - hauteur minimum 33 cm . A droite les cuves dont les fonds sont transparents - Vers 1880

La partie essentielle est un spectroscope à vision direct dont la fente et les composants optiques internes sont protégés par une enveloppe cylindrique à l'extrémité en verre, donc transparente. Ce spectroscope est construit à partir d'une combinaison d'Amici probablement formée de 5 prismes, ce qui engendre une bonne dispersion. L'oculaire micrométrique permet de superposer une échelle graduée au spectre lumineux . L'image obtenue, en absence de toute substance absorbante, est la suivante : 

Une grande partie de l'image est visible sur la photographie : l'échelle micromètrique est graduée de 0 à 86

Le liquide à étudier étant introduit dans la cuve à fond transparent, on immerge l'extrémité protégée du spectroscope et on observe, à travers l'oculaire, les bandes d'absorption.  L'avantage de l'appareil d'Yvon sur un spectroscope classique est qu'il offre la possibilité de modifier l'épaisseur de la couche traversée. Cette propriété est d'ailleurs mentionnée, en 1889, par la SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE :

Société Française de Physique - Partie du compte rendu de la séance du 1er mars 1889

Même sous de faibles proportions des composés actifs, les bandes d'absorptions deviennent décelables si l'observation est réalisée sous une épaisseur importante. Cette épaisseur peut atteindre 80 mm avec le spectromètre Yvon.

 

Le vernier permet de relever la hauteur de la couche de liquide traversée avec la précison du dixième de millimètre.

Sur l'image qui suit, le phénomène d'absorption se traduit - c'est un exemple - par deux bandes de largeurs et d'intensités inégales : l'une est située dans la zone rouge-orangée et l'autre dans la zone vert-bleue du spectre de la lumière blanche. Les zones sombres indiquent des maxima d'absorption pour les graduations 18 et entre 32 et 33 de l'échelle micromètrique.

Dans son manuel à l'usage des candidats au Certificat d'Etudes Physiques, Chimiques et Naturelles, A. LEDUC présente des spectres d'absorption caractéristiques du sang en précisant la position des bandes par rapport aux raies du spectre solaire (I). Le spectre (II) correspond à l'oxyhémoglobine du sang normal. Si on ajoute un agent réducteur à ce sang, les deux bandes sont remplacées par une seule (appelée bande de Stokes), intermédiaire aux deux précédentes : on est en présence de l'hémoglobine réduite ou déxoxyhémoglobine (III). En soumettant le sang à l'action d'un acide fort, on obtient le spectre (IV) caractéristique de la méthémoglobine en solution acide...  

MANIPULATIONS DE PHYSIQUE - A. LEDUC - Librairie J.-B. BAILLERE - PARIS - 1895

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